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L’anthropomorphisme : quand on aime trop nos animaux

L’anthropomorphisme consiste à attribuer des sentiments humains à des animaux. Par exemple, certains vont croire que c’est par compassion que leur chat vient se coucher sur eux en ronronnant lorsqu’ils sont tristes ou malades. La mauvaise interprétation d’un comportement est la cause de plusieurs problèmes. En effet, certaines personnes n’acceptent pas de considérer toute autre raison que celle à laquelle elles croient et, la majorité du temps, elles prétendent que leur chat ressent les mêmes sentiments et les mêmes émotions qu’elles. 

J’appelle ces personnes des « anthropomorpheurs ». Attention, ce qualificatif ne se veut pas méprisant. Loin de là. La plupart d’entre elles sont généreuses, très gentilles et elles offrent les plus grands soins à leurs animaux. Elles vont même parfois s’empêcher de partir en vacances, parce qu’elles ne supportent pas l’idée que leur chat puisse s’ennuyer. En d’autres mots, les anthropomorpheurs vont souvent se priver des plaisirs de la vie en raison des fausses perceptions qu’ils ont en ce qui a trait aux émotions et aux sentiments ressentis par leur animal. 

D’ailleurs, les médias sont les champions de l’anthropomorphisme. Ce sont souvent eux qui perpétuent les mythes anthropomorphiques sur les animaux. Quoi de mieux pour faire la nouvelle que de croire en l’action héroïque d’un chat qui a sauvé un enfant attaqué par un chien, ou de celui qui a réveillé ses propriétaires pour les sauver d’un feu!

Puisqu’il s’agit d’un sujet très délicat, je vais tenter de mettre des gants blancs pour aborder ce sujet épineux, qui bouleversera probablement plusieurs d’entre vous. Par contre, il est fort probable que cet éditorial vous permette également de vivre une relation beaucoup plus saine avec votre animal.

Les chats et la jalousie

 

Prenons l’anthropomorphisme le plus couramment fait avec le chat. « Mon chat est jaloux de mon nouveau conjoint, car il a fait pipi sur le côté du lit de celui-ci ».

En fait, le chat est anxieux en raison des changements que ce nouvel individu a créés dans la maison. Tout simplement. Généralement, les gens comprennent la logique de l’explication d’un tel comportement. Jusqu’ici tout va bien.

Les chats et le deuil

 

Prenons donc un autre anthropomorphisme courant. Je suis désolé de vous décevoir, mais les chats ne ressentent pas le deuil. En fait, s’ils ressentent une détresse émotive ou s’ils cherchent l’individu décédé pendant quelques jours, c’est parce qu’ils n’ont plus leur « guide de routine », et qu’ils n’ont plus cette présence à laquelle ils s’étaient habitués et qui les sécurisait. Ils vont donc devoir établir une nouvelle routine et trouver leur sécurité d’une autre façon. Cela dit, il est vrai que le chat va parcourir son territoire en miaulant, cherchant effectivement l’autre chat. Par contre, il ne s’ennuie pas de ce dernier; il cherche simplement à savoir s’il peut s’approprier des droits qui lui étaient auparavant interdits (par l’autre chat). Il veut donc s’assurer de ne pas créer de la bisbille en se les appropriant. Pour ce faire, il doit être certain que l’autre chat n’est vraiment plus là.

Encore ici, tout va bien. La majorité des gens accepte cette explication logique mais il s’en trouvera quelques-uns pour argumenter. Passons donc au suivant.

 

Le chat qui se laisse mourir par amour pour son propriétaire décédé

 

Malheureusement, ici, il ne s’agit pas d’amour au sens propre du terme. Mon explication est beaucoup plus terre à terre… Certains chats souffrant d’anxiété de séparation n’ont ni la maturité ni le contrôle émotif nécessaire pour parvenir à se forger une nouvelle routine en l’absence d’une personne qu’ils ont côtoyée durant de nombreuses années. Ce genre de cas est excessivement rare chez les chats, mais il suffit que cela se produise une fois pour que l’histoire fasse la manchette. Pourtant, dans la réalité, des milliers d’individus meurent chaque jour et leur chat n’en fait pas vraiment de cas. C’est plate, mais c’est ainsi…

On en vient donc à la destruction de l’anthropomorphisme numéro un que beaucoup refuse de voir comme un anthropomorphisme.

Les chats et l’amour

 

 

La définition que l’on donne à un sentiment peut influencer notre compréhension de la réalité. Je m’explique. D’abord, rappelons-nous qu’un chat n’adopte un comportement que si celui-ci lui rapporte quelque chose. Ici, on ne parle pas seulement de nourriture ou de gâteries, car notre personnalité peut aussi plaire à notre chat. Par exemple, l’attachement de ma chatte Kira, qui n’aime pas beaucoup les caresses et qui vit principalement le soir et la nuit, est plus fort envers moi qu’avec Josine, ma conjointe. Je suis un oiseau de nuit, alors que ma conjointe se couche à 20 h. Je suis aussi moins « tapoteux » que Josine avec nos chats. Kira préfère donc être plus près de moi que de Josine, car ma façon d’être lui convient mieux.

Et il en va de même pour nous aussi, les humains. Si nous sommes en couple, c’est parce que la présence, les goûts et la personnalité de l’autre nous rapportent quelque chose, non? Idem pour le chat. Alors si l’on définit l’amour ainsi, alors oui, un chat aime. Mais nous savons que l’amour, c’est plus que ça! Et c’est là que se trouve la différence entre les animaux et les humains. De ce fait, un chat n’a pas la capacité d’aimer. Il ne fait que répondre à son besoin primaire d’obtenir quelque chose en retour. J’entends les « anthropomorpheurs » penser :

« Personne ne peut savoir ce qui se passe dans la tête d’un chat ». Eh bien, oui, il est vrai que l’on ne peut pas savoir ce qui se passe dans la boîte noire de nos animaux. D’ailleurs, en bon comportementaliste que je suis, j’ai appris à ne jamais tenter de le faire, car toute explication serait subjective. Il faut plutôt tenter de comprendre ce qui motive l’animal à agir ainsi, puis d’analyser les gestes qu’il pose en présence de ce stimulus.

CEPENDANT, c’est en utilisant cette méthode d’analyse que les éthologues parviennent à expliquer les réactions émotionnelles et les actions des animaux. Si l’animal réagit de façon X à un stimulus, ils vont isoler toutes les variantes et les sources possibles de motivation, les remplaçant par d’autres stimulis similaires, ou en ne variant qu’un seul élément à la fois. Le processus est souvent long et ardu, car plusieurs facteurs doivent être isolés et, parfois, cela implique d’isoler un individu dès sa naissance afin de déterminer si, par exemple, un comportement est inné. L’éthologie (science du comportement animal) est une science plutôt récente et la majorité des études la concernant ne datent que des années 90. Voilà pourquoi il faut être prudent quand on parle des sentiments des animaux, car, il n’y a pas si longtemps, on croyait que les animaux étaient incapables de ressentir quoi que ce soit. Pourtant, aujourd’hui, des études ont prouvé que la très grande majorité d’entre eux sont capables de ressentir certains sentiments de base comme la joie, la colère, la frustration, etc. Même s’il reste beaucoup de chemin à faire pour comprendre les animaux, les recherches sont suffisamment avancées pour permettre de bien comprendre ce qui stimule l’animal à réagir de façon logique, émotive ou instinctive.
 

Le déni de la réalité

 

J’ai déjà eu une dame qui a quitté en plein milieu d’une conférence car j’étais soudainement devenu un charlatant à ses yeux lorsque je tentais d’expliquer pourquoi les chats n’aiment pas au sens propre du terme. J’ai eu beau tenté d’expliquer de façon logique mais rien n’y faisait. Je déplore le fait que, très souvent, « l’anthropomorpheur » refusera l’explication donnée qui vient contrer l’assomption anthropomorphique d’un comportement spécifique, même si elle est basée sur des études scientifiques éthologiques. Pourquoi? Eh bien, je suis comportementaliste félin, pas psychologue pour humain. J’ai donc demandé au psychologue Jack DeStephano, auteur et conférencier, de m’expliquer de façon scientifique son interprétation de l’anthropomorphisme afin que je puisse mieux comprendre pourquoi certaines personnes font appel à mes services, mais préfèrent finalement conserver leur propre interprétation de la situation qu’elles vivent avec leur animal plutôt que de se fier à mon savoir professionnel. Selon lui, « les études ont prouvé que la très grande majorité des gens qui adoptent un animal le font pour remplir un vide émotif plus ou moins conscient. Bien que plusieurs raisons justifient leur décision et que cela est même très souvent profitable (autant pour l’animal que la personne), c’est le besoin d’être aimé qui est le plus fréquent. Aimer est risqué, car cela doit être réciproque. Si l’on ne parvient pas à recevoir tout l’amour que l’on souhaite des personnes qui nous entourent, l’animal viendra souvent combler ce vide. Je ne parle pas d’un besoin pathologique, mais plutôt d’un manque plus ou moins grand que nous avons tous et que l’animal vient combler. De plus, l’amour d’un animal ne comporte aucun risque. Il ne peut pas nous quitter, nous tromper ou nous trahir. N’est-ce pas l’amour idéal? »

Alors comment comprendre qu’un client refuse d’écouter le professionnel qu’il recrute lui-même pour corriger un comportement et que la cause du comportement est causé par quelque chose que la personne fait à cause d’une interprétation anthropomorphique? « Lorsqu’un comportementaliste animalier informe les anthropomorpheurs que cet amour si rassurant n’est pas un amour réel, la plupart d’entre eux vont simplement choisir de refuser l’explication pour se protéger émotivement, et certains vont même refuser d’écouter nos explications, car ils ont trop peur que ces preuves scientifiques brisent leur nid émotionnel, qui est si confortable. Après tout, pourquoi avoir un chat si l’amour de celui-ci n’est pas vrai? », conclut-il.

 

Je suis un ex anthropomorpheur »

 

 

Lorsque j’ai rencontré ma conjointe il y a plus de douze ans, nous étions tous deux des « anthropomorpheurs » professionnels 🙂 Notre amour quelque peu démesuré des chats est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles nous avons commencé à nous fréquenter. Oui, nous aussi ne prenions pas de vacances de plus de 3 jours consécutifs, parce que nous avions 4 chats (nous en avions deux chacun). Lorsque j’ai commencé à suivre des cours en comportement et en éthologie, nous n’avons eu d’autres choix que de « détruire » notre conception anthropomorphique. À la lueur des connaissances que nous avons aujourd’hui, nous n’aimons pas moins nos chats pour autant! Au contraire! Ils nous apportent autant de bonheur qu’auparavant. C’est peut-être difficile à comprendre, mais même si nous savons qu’ils nous aiment principalement parce que nous leur rapportons quelque chose, ça ne change rien à la nature de notre relation. Nous savons que, lorsqu’ils viennent nous voir, c’est pour être caressés, pour recevoir une gâterie ou pour que nous leur cédions la place sur le divan. Grâce aux notions apprises dans le cadre de notre métier, nous comprenons toutes les méthodes manipulatrices utilisées par ces derniers pour nous charmer dans le but d’obtenir quelque chose. Malgré cela, on s’assoit tout de même sur le sol lorsque les divans sont utilisés par nos chats, et l’on continue de craquer lorsque l’un d’eux vient ronronner sur nous quand nous sommes malades ou tristes. Nous savons qu’ils le font pour eux avant tout, mais, au bout du compte, ça nous fait du bien quand même. Ça n’a rien changé à notre relation, outre le fait que nous nous permettons désormais de partir 2 semaines en vacances, et nous ne nous inquiétons plus pour nos chats lorsque l’un d’eux décède.

Depuis que nous ne sommes plus des anthropomorpheurs, notre relation avec nos chats est beaucoup plus saine, et nous sommes aussi des personnes plus équilibrées, et nous continuons à vivre autant de bonheur en la présence de nos amis à moustache. Essayez : vous verrez que ça fait du bien! Ho oui, à propos, malgré tout… nos chats à nous… ils sont spéciaux… il nous aime pareil.😌

Cet article provient du site Éduchateur, Daniel Filion : article original