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La dictature de l’amour: le rôle du chien dans notre vie est-il réduit à celui de toutou?

Avertissement: cet article se veut une réflexion sociale sur le rôle que joue maintenant le chien dans notre société. Il ne s’agit nullement d’une critique des modes de vie individuels. Le but n’est donc pas de pointer des gens mais de réfléchir tous ensemble sur la condition canine. 

Note: tous les noms des chiens sont fictifs pour assurer la confidentialité des clients.

ATTENTION…. CE TEXTE POURRAIT VOUS CHOQUER…

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Cybelle est une femelle duck tolling retriever de 15 mois. Elle vit en milieu urbain. Elle se lèche les pattes intensément, tourne en rond, et détruit le mobilier.

Hubert est un mâle berger allemand de 3 ans. Il vit en banlieue. Il jappe intensément lorsqu’il est dehors attaché dans la cour et lorsque ses humains font du bruit. Il est fortement agité au moindre mouvement.

Johnson est un mâle cocker spaniel de 18 mois. Il vit en banlieue.  Il saute dans les fenêtres à la vue de passants, gratte le plancher, vole de la nourriture sur les comptoirs, et détruit tous ses coussins. 

Gisèle est une femelle jack russel de 4 ans et elle vit dans un milieu semi-boisé. Elle fugue. Elle se sauve dès que la porte est ouverte. Elle ne revient pas au rappel. Elle saute sur les invités qui viennent à la maison.

Pretzel est un mâle caniche miniature de 2 ans. Il vit dans un condo. Il jappe sans arrêt. Lèche sans cesse les mains de ses humains. Pretzel adore tous les humains et tous les chiens qu’il rencontre.

Tous ces chiens partagent certaines caractéristiques. Ils ont suivi des cours en obéissance. Ils ont été socialisés avant l’âge de 4 mois. Ils sont chouchoutés par leurs humains: jouets, gâteries, attention, affection et caresses ne sont pas rationnés. Vraiment, ils sont gâtés et entourés. Mais ils sont très  peu occupés. 

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Malheureusement, pour tous ces chiens, leur vie se résume à jouer le rôle de toutou de la maison. Tous ces chiens sont au chômage! Alors ils communiquent ce manque du rôle et ce manque de la dépense énergétique en jappement, en réactivité, en anxiété, en impulsivité. Ils font tout pour meubler le vide créé par l’attente de l’humain au jour le jour, par l’absence ou le peu d’activités sportives, ludiques, masticatoires, éducatives. Alors ce vide se rempli donc de comportements répétitifs (jappements, destruction, vols, fugues, léchage excessif, réactivité aux bruits et aux mouvements, manque de contrôle des émotions). Des comportements naturels dans un environnement rustique, mais dérangeants dans un environnement domestique.

Nos chiens sont passés d’animaux ayant des rôles dans les campagnes ou dans les villes qui occupaient la plus grand partie de la journée (rapport en chasse, protection de territoire, et rassemblement des troupeaux, pistage, pointage etc). On voit de plus en plus de chiens de travail envahir nos milieux où sont absentes leurs tâches traditionnelles (beauceron, border collie, berger australien, berger shetland, duck tolling, berger blanc suisse, etc.). Celui qui participait à notre journée complète de travail, nous attend maintenant à la maison. Mais ce problème, ne se retrouve pas seulement chez les races de travail. Il existe aussi chez les races dites « de compagnie ». 

Bien des chiens, entre autres (et cela peut également concerner les chats et tous les animaux qui vivent en cage comme les oiseaux, les furets, les rats, les hamsters, les hérissons, les cochons d’Inde, les reptiles, etc), toujours en attente de quelque chose, ils vont peu ou pas du tout dehors, toujours couchés sur leur coussin, dans leur cage, font peu de sports, peu de jeux, ont peu d’interactions inter et intra espèces sur une période de 24h00. 

Nos chiens sont-ils réduits à seulement jouer le rôle de « calinours »? Ils sont à la disposition constante des humains pour leurs besoins affectifs de se coller, de toujours caresser. Sont-ils réduit à une vie d’esclave de l’amour?  La dictature de l’amour gère-t-elle maintenant la vie de nos chiens? Parce nous aimons les avoir toujours près de nous, afin de répondre à nos besoins affectifs, les privons-nous d’une véritable vie pleine et riche? Notre vie était-elle remplie de tant de choses que nous n’avons plus le temps, ni le goût de leur fournir ce dont ils ont besoin en priorité?

Bien sûr, je suis pour l’affection, comprenez moi bien. Mais pas une vie juste remplie de ca! Personnellement, j’ai le désir de vivre avec des chiens qui ont une « vie de chien », avec des initiatives, des idées, des désirs, qui font tout plein d’activités différentes, et surtout des besoins naturels comblés.

Combien de chiens ne mangent pas de vrai os de peur qu’ils ne se cassent un dent? Alors qu’on sait qu’il y a plus de bienfaits que de dangers. Combien de chiens ne courent pas pour ne pas se blesser? Combien de chiens ne connaissent pas la liberté surveillée? Combien de gens empêchent leur chien de jouer avec les autres chiens de peur de batailles ou pour avoir l’exclusivité de leur attention?

Pour avoir un chien équilibré, il doit pouvoir satisfaire ses besoins naturels, et ce, TOUS LES JOURS. Sans quoi, il vous communiquera, à sa façon (jappement, fugues, destruction, etc) ce ou ces manques ressentis. 

Quels sont ces besoins naturels chez le chien auxquels nous devons apporter une l’attention de façon toute particulière (outre tous les besoins physiques de base)?

  • bouger, selon les besoins reliés à l’âge, la race, l’état de santé, donc dépenser son énergie 
  • bénéficier de semie liberté (ne pas être toujours attaché ou enfermé dans la maison ou la cour) 
  • jouer, un besoin qui pourrait diminuer avec l’âge
  • mastiquer et gruger
  • apprendre et être stimulé avoir des contacts sociaux intra ou inter espèces (avec les humains et/ou les autres espèces) 
  • communiquer ou se faire comprendre et comprendre les autres

Le plus on aura comblé au quotidien tous ces besoins selon les caractéristiques de chaque individu canin, le moins on aura de problèmes de comportement. Bien sûr, il y aura toujours des exceptions, mais ces principes s’appliquent à une grande partie des chiens.

Alors nous devons tous nous interroger, et ceci m’inclut, sur ce que nous croyons être une bonne qualité de vie pour nos animaux….et sur ce que le terme « aimer son chien » signifie réellement. Est-ce vraiment le rôle de toutou qu’il devrait jouer? Notre vision judéo-chrétienne selon laquelle les animaux ont été mis à notre disposition par Dieu, ne devrait-elle pas être remise en question? Se pourrait-il que nous les aimions mal?

Ils ont leur propre vie en dehors de la nôtre. Une vie dont nous sommes responsables mais qui ne nous appartient pas.

Bonne réflexion!

 

Danielle Gauthier De Varennes
FIDÈLE CANIN
Éducateur canin comportementaliste

Cet article provient du site Fidèle Canin : article original