En modification comportementale, votre meilleure amie: la gestion de l’environnement
Combien de fois ai-je entendu: mon chien va comprendre tout seul à force de le mettre dans une situation particulière. Grave erreur. Si vous pensez qu’à force d’immersion, on peut régler un problème de comportement, je peux vous assurer que la situation peut grandement dégénérer.
Charlot est un beau golden retriever (le nom du chien et la race ont été changés). Il est castré et âgé de 3 ans. À chacune de ses visites chez le vétérinaire, Charlot a démontré des signaux d’apaisement, des positions rigides du corps, il a parfois tenté de se sauver par la porte d’entrée. Charlot est un chien qui n’aime pas beaucoup les manipulations physiques et les approches de trop près par des étrangers. De plus, il craint les autres chiens. Il a été peu socialisé en bas âge. On avait bien perçu son état de stress, on le connaissait mais on s’est dit qu’à force de le mettre en situation, il allait s’habituer et finir par aimer aller chez le vétérinaire.
Malheureusement, cela ne s’est pas passé comme ça.
À sa dernière visite, il a mordu une technicienne en santé animale au visage alors qu’elle le tenait fermement à bras le corps pour une prise de sang. Cette situation aura pu être évitée par une bonne gestion de l’environnement.
Qu’est-ce que la gestion de l’environnement en modification comportementale? C’est l’utilisation d’éléments placés dans l’environnement immédiat de l’animal dans le but d’éviter le déclenchement d’un comportement non désiré. Cette utilisation de l’environnement peut également servir à modifier ultimement le comportement.
Voici comment la situation de Charlot aurait pu être gérée différemment par une gestion planifiée de l’environnement intégrée à un plan d’intervention plus global:
Dès l’apparition des signaux de stress émis par Charlot, on aurait pu:
- fréquenter une clinique vétérinaire qui utilise des approches de contention minimum stress (oui, il y en a, informez-vous!);
- venir faire des visites en clinique, à des moments peu achalandés, en travaillant le focus du chien en R+ (renforcement positif). On pourrait même commencer par des simples marches dans le stationnement de la clinique (ou même commencer de l’autre côté de la rue). Plus on est loin du stresseur ou à basse intensité, plus la modification comportementale est aisée quand elle est couplée à quelque chose qui est grandement aimé par le chien (ex: nourriture, jeu de balles, jouet préféré). On pourra ensuite et très graduellement ensuite, entrer en salle d’attente et ultimement dans la salle d’examen;
- travailler la manipulation physique par des étrangers, à la maison, puis ensuite dans différents endroits peu connus. Toujours en R +;
- faites relaxer à la maison votre chien sur une couverture (communément appelée une « doudou »!) ou pour un petit chien dans une cage la porte ouverte. La couverture et/ou la petite cage pourront être apportées à la clinique et utilisées dans la salle d’attente et d’examen comme endroit de sécurité;
- visiter la salle d’examen du vétérinaire sans aucune intervention médicale ou technique, mais en présence du personnel. Associer la visite au R+ (j’ai déjà joué au mini frisbee avec Panda mon chien, dans la salle d’examen en présence du vétérinaire!):
- faire si possible les futures manipulations techniques sur le sol. La table d’examen en stainless steel est souvent un élément peu appréciée des chiens (froide, glissante, les griffes font du bruit sur la table), placer votre chien sur sa « doudou » apportée de la maison;
- faire des rencontres positives avec le personnel de la clinique et débuter quelques approches et associer toutes ces rencontres au R+;
- laisser votre chien dans la voiture au lieu de le laisser attendre dans la salle d’attente quand il y a trop de monde (sauf par temps chaud). Plus le niveau de stress sera bas, plus votre chien sera confortable à la rencontre avec le vétérinaire;
- entrer par la porte arrière de la clinique pour éviter la présence d’étrangers humains et chiens en période achalandée;
- habituez votre chien à porter positivement une muselière (voir la vidéo https://youtu.be/1FABgZTFvHo de Chirag Patel), cela pourrait sauver la vie de votre animal en cas d’urgence, car un chien impossible à manipuler peut être en danger de mort;
- votre chien pourrait aussi porter un gilet anti stress lors de certaines manipulations;
- gérer par la suite, toute nouvelle situation potentiellement stressante pour votre chien, en y allant graduellement et en désensibilisant en R+, car bien que réhabilité, votre chien demeurera toujours sensible au stress.
En terminant, rappelez-vous que si ce sont les conditions apportées par l’environnement qui amènent un changement de comportement non désiré chez votre chien (un étranger qui approche, un chien qui arrive rapidement, un fort bruit, etc.), ce sera aussi par des modifications à cet environnement que l’on pourra opérer une transition vers un mieux-être.
Danielle Gauthier De Varennes
FIDÈLE CANIN
Éducateur canin comportementaliste
Cet article provient du site Fidèle Canin : article original