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Cloche

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Reste avec moi : un point de vue canin sur l’euthanasie

TW : mort animal

Ce matin en me réveillant, je me sens très lourd. Je te cherche en balayant du regard autour de moi mais ma vision n’est plus aussi claire. Je sens ton odeur réconfortante pas très loin. Mes vieux genoux ont de la difficulté à soulever mon  corps tout frêle. Je réussi à me tenir sur mes 4 pattes de peine et de misère, et je te vois, assise sur le divan. Ta présence me rassure. Je ressens de la détresse dans ton regard. Des larmes coulent sur tes joues et se noient dans ton café. Pas la peine de pleurer, je suis là maintenant, je vais te consoler. Tu te penches vers moi et me serres très fort dans tes bras. Je sens ton cœur battre très fort contre moi. Qu’est-ce qui te rend aussi anxieuse? Je suis là, tu peux être rassurée.

« Merci pour toutes ces belles années à mes côtés. Je t’en serai toujours reconnaissante. Tu as vraiment été le meilleur chien. Tu as été un bon chien. » 

Je ne sais pas trop ce qui ce passe. Tu ne sembles pas du tout dans ton assiette. Ça me met tout à l’envers. Je déteste te voir ainsi. Tu mets de la nourriture dans mon bol, mais comme depuis quelques matins, je n’ai pas d’appétit. La nourriture n’est plus une priorité. Ma priorité, c’est dormir. C’est d’ailleurs ce que je vais retourner faire, mais avant d’atteindre mon gros coussin, mes genoux flanchent et je m’effondre au sol. Je t’entend crier et pleurer très fort. Tu me glisses jusqu’à mon gros coussin. Merci d’être là pour moi. Je t’entend faire un appel téléphonique. Tu as l’air très préoccupé. Je m’endors en espérant que tu ne le sois plus à mon réveil.

Mon réveil est bousculé par l’odeur de ma deuxième personne préférée, ton père. J’ouvre mes yeux et je le sens me prendre dans ses bras pour me transporter à l’extérieur. Je te vois alors, le visage reluisant de larmes, m’installer dans le coffre de la voiture sur mon gros coussin. Une promenade en voiture! Même si je n’ai pas l’air aussi enjoué qu’à l’habitude, je te promets que j’apprécie encore chaque promenade en voiture avec toi. J’entend ta voix et celle de ton père à l’avant de la voiture. Ça me fait un bien fou d’être en votre présence à tous les deux.

La voiture s’arrête. Je tends le museau et reconnais l’odeur de l’endroit. Je sens la détresse m’envahir : le vétérinaire! Tu sais à quel point je déteste cet endroit. Je me rassure en me disant que ton père et toi êtes avec moi. Vous ouvrez la porte du coffre, et je vois ton visage couvert de larmes. J’essaie de me relever, mais je me sens très lourd. Ton père me prend dans ses bras et nous entrons tous les trois.

Ton père me dépose au sol, mais une poussée d’adrénaline me permet de me remettre sur mes 4 pattes. Tu n’es pas capable de parler, tu fais seulement que pleurer. Ton père parle avec le préposé derrière le comptoir. Je t’entend dire que tu ne veux pas voir ça, que tu n’en as pas la force. Tu te penches vers moi en sanglotant et tu me sers si fort contre toi. Le plus fort que tu ne m’as jamais serré. 

« Je t’aime mon chien, et je t’aimerai toujours. »


Ton père me sert à son tour dans les bras, puis le préposé prend ma laisse et m’entraîne avec lui à l’arrière, sans vous.

Je ne comprends pas, je croyais que nous venions chez le vétérinaire ensemble. Je vois pour une dernière fois ton visage qui me fait tellement sentir bien avant que la porte de la pièce se referme. Je ne sais pas trop ce que je fais ici, ni ce qui se passe. Je ne me sens pas bien et mon corps devient tout froid. Mes vieux genoux flanchent à nouveau et je m’écroule au sol.

Cette fois-ci, je n’arrive pas à me relever. La peur m’envahit. Je tremble de tout mon corps. Je vois un autre homme entrer dans la pièce. Il discute avec le préposé. Je continue de fixer la porte avec l’espoir de voir ton visage apparaître. Les minutes passent et tu ne reviens pas. Le préposé est gentil, il me flatte et me fait des gratouilles. Puis je vois l’homme sortir une seringue. Je déteste les piqûres. J’espère vraiment que tu vas arriver à tout moment pour m’accompagner. Je sens un liquide chaud traverser mon corps. Un liquide qui me met en transe. Je sens que mon corps devient plus lourd que jamais. J’aimerais tellement voir ton visage. Pour une dernière fois. Je sens que je suis en train de m’endormir. Ce que j’aurais aimé vivre ces derniers instants avec toi. Je ferme les yeux en me rappelant tous les beaux moments que nous avons passés ensemble dans les 15 dernières années. Je sais que pour toi, je n’ai été qu’une partie de ta vie, mais pour moi, tu as été toute la mienne.

Je sais à quel point c’est difficile de voir notre meilleur ami poilu nous quitter, mais c’est encore plus difficile pour eux de vivre ce dernier moment sans leur personne préférée au monde.

Dans la mesure du possible, merci d’assister à l’euthanasie de votre animal.